Pages Poésie. Littérature . Gravure . Peinture. Photographie. Divers. Bio

vendredi 24 octobre 2014

SENTIERS DE CURIOSITÉ 2014

Retour à mon blog que j'ai trop longtemps délaissé pour aller sur Facebook.

L'exposition de land art "Sentiers de Curiosité " de Séné (Morbihan) s'est tenue du 20 septembre au 20 octobre 2014. En qualité de Commissaire d'exposition , j'ai écrit pour le catalogue 2 textes que vous trouverez ici après quelques photographies.( Vous rectifierez vous-mêmes les dates. )





Sur les Sentiers de Curiosité, j'ai vu...

j'ai vu … des adultes redevenir des enfants
 j'ai vu des enfants sérieux comme des adultes« pour du rire »
j'ai vu un moustique tout enflé qui voulait boire toute la mer
j'ai vu des bestioles en bois qui prenaient un bain de pieds sur l'estran
j'ai vu un chêne grimper dans une barque , glaner ses petits qui rêvaient et mettre le cap vers les îles
j'ai vu des couleurs volées à la nuit par un pinceau de lumière
j'ai vu une dame aux cheveux de feu qui donnait du fil à retordre à un pêcheur.
j'ai vu des anneaux de seigneur apprivoiser mes rêves pour les endormir dans leurs nids
j'ai vu des troncs se tricoter des manches de couleurs pour l'hiver et nous attendre pour la veillée dans l'espace sacré.
J'ai vu un menhir en bois ouvrir sa porte pour abriter des succulentes
J'ai vu des arbres tendre leurs bras blancs vers les nuages pour les inviter à venir gratter la terre brune
j'ai vu Jonas qui dormait dans sa baleine parfumée au fenouil
j'ai vu dans les creux du sentier de curieuses maisons de korrigans qui attendaient la nuit pour faire la fête avec les lucioles.
j'ai voulu attendre la Reverdie dans le cœur de l'arbre sec et dans ses branches mortes qui servaient de reposoir aux oiseaux
j'ai attendu , j'ai attendu mais je n'ai rien vu dans les sentiers de curiosité
je n'ai pas vu tout ce que vous verrez dans les sentiers de curiosité et que vous pourrez raconter aux autres curieux du sentier

Jacques Poullaouec








SYMBIOSE

Il arrive que l’œuvre d’Art quitte le musée et les galeries.
Il arrive que l’œuvre d’ Art abandonne le tableau, la toile, le papier
Il arrive que l’œuvre d’Art change de cadre et s’installe dans la nature, qui devient alors à la fois son cadre, son décor, mais surtout son sujet et sa matière. Ce changement de cadre est aussi un changement de mesure et de perspective. Il s’agit pour l’artiste d’arpenter le monde, de se mesurer à lui, non pas de l’affronter mais de se mettre à la mesure de la nature. Son ATELIER devient la RÉALITÉ, ces deux mots sont bien des anagrammes.
En naissant nous avons été mis au monde; c’est à nous d’aller vers lui. L’artiste, mais aussi le spectateur et d’une manière générale, le simple promeneur vont à la rencontre d’un ART IN SITU qui est un art de voir, de sentir, de toucher, de goûter, d’écouter la nature. Le monde est ouvert, on y vient sans son JE, on prépare le vide en soi pour s’emplir du réel. Il faut être poreux, être pour la libre circulation du souffle, des vents, être avec les lumières, les couleurs et les sons. Cette manière d’être au monde, de devenir paysage, est une nouvelle naissance, une co-naissance dans un atelier à ciel ouvert. Le LAND ART est l’enfance de l’Art et l’Art des enfants qui savent jouer dans et avec la nature. Un caillou, une feuille, l’eau, le ciel, un peu de vent et c’est le théâtre du monde qui s’anime. L’herbe réussit bien à sortir des murs; le moindre terrain vague devient une aire de jeux; les vents ne trompent pas; combien de pulsations dans les herbes échevelées?
L’Art prend la clé des champs pour ouvrir le champ des possibles et ré-enchanter le monde. On peut occuper les sols, sans avoir un plan d’occupation. C’est à l’homme de se laisser occuper par le lieu où il se trouve, de s’en imprégner, de se mettre in situ, c’est à dire en situation, en relation directe avec le site. L’Art traditionnel consiste à faire passer l’œil du spectateur d’un espace à un autre, le Land Art, lui, brouille les repères et fait du spectateur un acteur dans son espace. Dans ce musée à ciel ouvert, on peut se déplacer, modifier son angle de vision, jouer avec la lumière et accepter qu’une saute de vent perturbe cet espace. Il faut accepter l’éphémère, l’effacement du temps qui va peu à peu modifier l’œuvre présentée. Tout est définitivement provisoire et provisoirement définitif.
Échange, porosité, être avec, à la fois dans l’infime et l’infini. Il s’agit ici d’être en symbiose avec la nature. Trop longtemps l’ art traditionnel s’est isolé de la vie, car il a essayé de la capturer . Peu à peu l’art muséal s’est détaché du monde et n’a pas toujours réussi à attirer le public, mais aujourd’hui. certains artistes, veulent revenir à la source de tout art et adapter leur respiration et leurs gestes au rythme de la vie et des éléments.
Jacques Poullaouec.
 puce

ARTISTES 2014 

  • Mireille Belle :  » Lobophyllia curiosa « 
  • Philippe Bréchet :  » Peindre avec la lumière « 
  • Marielle Genest :  » Coques « 
  • Gaël Gicquiaud et william Moreau :  » Receptacle «  
  • Sandrine Lanoë :  » Mariage du ciel et de la terre « 
  • Michel Leclercq  :  » Bestioles « 
  • Fréderic Ollereau :  » Sédimentations « 
  • Irène  Le Goaster :  » L’ Âme des arbres « 
  • Régis Poisson :    » Côtes et côte « 
  • Sophie Prestigiacomo :  » Tentation marine « 
puce

1 commentaire:

  1. Fantastiques vos sentiers !
    Comme j'aimerais un jour les emprunter !
    Merci pour ce beau texte.

    RépondreSupprimer