1 "Penser dérange comme de marcher sous la pluie lorsque s'enfle le vent et qu'il semble pleuvoir plus fort."
2 "Je ne pense à rien,
et cette chose centrale, qui n'est rien,
m'est agréable comme l'air de la nuit,
frais en contraste avec le jour caniculaire.
Je ne pense à rien, et que c'est bon !
Ne penser à rien,
c'est avoir une âme à soi et intégrale.
Ne penser à rien
c'est vivre intimement
le flux et le reflux de la vie...
Je ne pense à rien.
C'est comme si je m'étais appuyé
dans une fausse posture.
Un mal aux reins, ou d'un côté des reins,
mon âme a la bouche amère :
c'est que, tout bien compté,
je ne pense à rien,
mais vraiment à rien,
à rien..."
3 "Il y a passablement de métaphysique dans la non-pensée.
Ce que je pense du monde?
Le sais-je , moi, ce que je pense du monde?
Si je tombais malade, j'y penserais.
Quelle idée je me fais des choses?
Quelle opinion sur les causes et les effets ?
Qu'ai-je médité sur Dieu et sur l'âme
et sur la création du monde ?
Je ne sais . Pour moi penser à ces choses c'est fermer les yeux
et ne pas penser. C'est tirer les rideaux
de ma fenêtre(mais de rideaux elle n'a pas l'ombre)."
4"Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.
Penser une fleur c'est la voir et la respirer
et manger un fruit c'est en savoir le sens."
4"Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.
Penser une fleur c'est la voir et la respirer
et manger un fruit c'est en savoir le sens."
(Quatre extraits de "Le Gardeur de troupeaux " de Fernando Pessoa / Poésie Gallimard )
Un et multiple, sans destin et assumant celui de tous les hommes ... Pessoa est le disciple secret du Bouddha. Le savait-il ? Sans doute pas. Levant intuitivement les voiles de l'inconnaissance, le poète aperçoit la Clarté fondamentale.
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