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jeudi 31 mars 2011

QUELQUE CHOSE BLEU dans l'atelier 17. Alain HISSETTE







Entrer dans quelque chose bleu
Regarder un tableau d'Alain Hissette, c'est entrer dans le bleu, dans l'espace d'un bleu qui n'est pas celui du ciel, mais plutôt celui d'une fleur, d'un revenez-y, d'un forget me not, d'une myosotis. Comment pénétrer dans ces toiles, sans architecture fixe ou connue ? Sinon par une tête d'épingle, un point infime.
Il faudrait avoir la liberté du spermatozoïde qui pénètre dans l'ovule...flagelle...flagellation...battements...premiers battements d'ailes...premières pulsations du coeur. Cette amande noire dans le bleu, blessure noire ouverte. Comment dire ? Les mots se cognent au bord du tableau et reviennent sans cesse à ce centre de gravité. Rentrer dans un territoire déjà connu, inconnu d'avoir été trop connu, dans les espaces d'une autre vie. Cheminer sur les traces de Miro, dépasser le mur de Nicolas de Stael, aller vers « cette faucille d'or dans le champ des étoiles »( Victor Hugo).
Il faut bien avoir recours à quelque chose pour entrer dans l'inimaginable, pour trouver le point de rencontre entre cette main qui a peint et cet oeil, notre oeil, qui regarde. La main du peintre a une longueur d'avance; l'oeil doit-il suivre le même parcours ?
Il y a quelque chose là qui parle, mais à qui? Il y a quelque chose qui parle sans vouloir me parler. Il faut se désencombrer la vue de toute architecture concertée, pour entrer dans quelque chose bleu. Il faudrait attendre la nuit pour relier du noir à du noir, en passant par le bleu. Bleu-nuit, noir de charbon éteint, charbon d'un feu depuis longtemps consumé, d'une étoile qui brille encore, mais déjà morte. Bleu encore, de cette encre bleue ou violette, encre qui demande un jaune ou qui le crée ou qui l'écrit. La lumière se brise quelque part sur le rebord de ce plan. Est-ce une table ?Il n'est pire labyrinthe que que celui qui a perdu ses murs et ses allées, ses angles...aucun repère solide auquel accrocher son fil d'Ariane . Nous sommes dans un espace autre où il faut accepter de se perdre pour ...se retrouver. Pénétrez dans la grotte, la caverne maternelle où le bleu le dispute au bleu.
Pour regarder la toile d'Alain Hissette, il faut retrouver le tremblement de ses premiers pas, quand les certitudes n'existaient pas encore...il faut trouver le tremblement de ses derniers pas quand les certitudes n'existeront plus. Lâchez prise.

Jacques Poullaouec. 29 mars 2011.

Alain HISSETTE est un artiste vannetais. Ancien professeur d'arts plastiques en lycée et au Manoir de Trussac/ Ateliers municipaux de Vannes.

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